Silence, faites donc silence!
Courtisanes et courtisans...venez, venez approcher le phénomène!
N'ayez pas peur, je suis là, tout près de vous...soyez sages et dociles...je ne vous ferais aucun mal...
Ce soir, mes agneaux, en vérité, je vous le dis, voici l'heure du passage. Quand la nuit vient à tomber, ouvrons les portes du Mystère, et partons à travers le labyrinthe, derrière ces murs d’oubli, sur les allées désertes où murmurent les fantômes...
Approchez, approchez...partout on ravive les flambeaux pour guider vos esprits.

Bien, assez discuté, il est déjà tard, trop tard sans doute. Vous feriez mieux de rentrer chez vous, de vous coucher, tout simplement, d’oublier cette discussion...

Puisque vous insistez...que vous restez plantés là, à attendre quelque chose qui ne viendra pas, suivez-moi... Il me reste peut-être quelques histoires. Mais il y a bien longtemps que plus personne ne passe par ici, même les fantômes se font rares de nos jours.

Dans les premières heures de l’aurore, les couillles vides, la peur au ventre...les rêves héroïques et barbares s’embrasent, puis prennent corps.
Ô mes précieux tombeaux, vomissez vos ossements!
Quels spectacles charmants, quels plaisirs goûtons-nous!
Il n’y a rien de mal, il n’y a rien de sale!
Au terme du spectacle, derrière les rideaux noirs, qu’importent les vivants, nous sommes d’humeur spectrale...examinons, si vous le voulez bien, les méthodes visant à retarder le processus naturel de putréfaction...
Par le nettoyage méticuleux du défunt, nous obtenons tout d'abord une parfaite asepsie externe. Il nous faut ensuite pratiquer une incision du creux claviculaire, puis injecter une solution à base de formol...

Maintenant que la nuit se resserre, ça y est, je m'enfonce, je pars en silence...j’avais bien promis de me taire.

Cordialement.