Bouleversant. 24 heures après l'avoir terminé, je suis encore sous le choc. Un jeu m'a-t-il déjà arraché autant de larmes ?

To The Moon se définit comme un jeu indépendant, typé RPG des années 90. Au fond, il n'a de ces traits que l'apparence : des graphismes rétro, des personnages super-deformed dans la plus grande tradition japonaise... Pourtant, ce que l'on peut voir sur de simples screenshots révèle une esthétique qui n'a au final peu ou pas d'impact sur l'expérience de jeu. To The Moon va se démarquer sur ses deux constituants vecteurs d'émotions : l'histoire et la musique.

L'histoire est la raison principale pour laquelle vous plongerez dans ce titre. Tout part d'un univers où deux médecins ont la capacité de modifier le passé de leurs patients aux portes de la mort. Comment ? En altérant leurs souvenirs. Ils peuvent ainsi leur offrir une deuxième vie ou exaucer un souhait qui leur permettra de partir dans l'au-delà heureux et comblés. Difficile de vous en dire plus, ce serait gâcher le plaisir. Le scénario est dirigé d'une main de maître, sans temps mort, et alterne astucieusement les instants dramatiques et les notes comiques. To The Moon va vous faire rire et pleurer, et vous serez sans cesse surpris et passionné des rebondissements qui ponctuent l'aventure. Je tiens à signaler l'excellent travail des traducteurs français, qui ont su restituer les traits des personnages et leur humour avec réussite. L'histoire est unique, poignante, mémorable, bref tout simplement brillante.

Mais que serait l'histoire de To The Moon sans sa musique ? Kan Gao et Laura Shigihara signent une bande-son orchestrale magistrale. Car si l'écriture est irréprochable, il est évident que l'expérience est ici sublimée par la musique : tous les morceaux servent parfaitement les différentes séquences de l'histoire. Ce sont eux qui vont instaurer une ambiance grave, paisible, plus légère ou angoissante. Comme si le récit n'était pas suffisant en soi, les mélodies vont venir transpercer votre carapace et votre cœur dans un tonnerre symphonique d'émotions.

Malgré toutes ces qualités, je dois tout de même vous prévenir : si vous êtes insensible/sociopathe, détestez la lecture ou recherchez de l'action ou de la réflexion, passez aujourd'hui votre chemin. Le gameplay de To The Moon est assez limité et simpliste. Pourtant, on se dit très vite que ce n'est pas grave et que le reste a bien trop d'importance pour s'arrêter à cela. Les détracteurs appuieront sur cette lacune mais ne les écoutez pas. Le gameplay n'est pas ici une fondation mais un outil pour bâtir quelque chose de beaucoup plus puissant.

Comptez 4 heures pour apercevoir la fin du jeu. Pour profiter de To The Moon dans les meilleures conditions, il est recommandé de le terminer en très peu de sessions, voire une seule. L'univers est tellement immersif qu'il serait regrettable d'être distrait ou interrompu par un facteur extérieur. To The Moon est une expérience à vivre seul, dans le noir, et idéalement au casque. Le jeu est décomposé en trois actes. Vous pouvez, si vous aimez le suspens, suspendre votre partie à l'issu de chaque acte et la reprendre le lendemain. Par contre, une fois l'Acte 3 démarré, ne vous arrêtez plus : le dénouement se doit d'être savouré d'une traite, pour que l'histoire délivre toute sa magie et vous injecte sa dose d'émotions transcendantes.

To The Moon est une expérience unique. Rares sont les œuvres culturelles à vous procurer des émotions aussi fortes, et j'inclus le cinéma dans mes propos. 24 heures sont passées, pourtant je suis sûr que To The Moon va me laisser une marque indélébile, tel un tatouage sur le cœur.

Une merveille. Un bonheur. Une œuvre essentielle pour toutes les générations actuelles et futures.