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0.0 hrs last two weeks / 89.1 hrs on record (70.8 hrs at review time)
Posted: Mar 29 @ 9:24pm
Updated: May 6 @ 4:47am

J'ai tardé à jouer à "Blasphemous" car j'en lisais des critiques peu enthousiastes: on disait du jeu qu'il avait un univers original très intéressant, mais un gameplay bancal plutôt frustrant, beaucoup trop dur et trop rigide.

Des années après sa sortie, après avoir profité d'une promotion pour y jouer, je découvre que j'ai un avis contraire: c'est d'abord le gameplay de "Blasphemous" qui m'a plu, au point où je m'y suis consacré totalement en mettant mes autres jeux de côté, gagnant même plusieurs parties d'affilée pour débloquer ses succès et explorer ses diverses quêtes annexes, alors que son univers m'a quant à lui un peu déçu.
Je l'ai aussi trouvé franchement facile lors de ma première partie, et bien équilibré lors de mes parties suivantes jouées en ascension (New Game+) - notamment les divers DLC gratuits.

On décrit beaucoup "Blasphemous" comme un jeu à la Metroid, mais en réalité c'est plutôt un simple jeu d'action/aventure comme il en existait avant la série de Nintendo: dans les Metroid depuis "Super Metroid" (et dans la plupart de ses clones), l'exploration est très guidée, on est censé dénicher des améliorations qui nous accordent de nouveaux mouvements dans un ordre précis pour pouvoir progresser le long d'un chemin lui aussi précis. Ici, le Pénitent (le héros de "Blasphemous") n'acquière pas de nouveaux mouvements: on progresse plutôt librement dans des sections de combat et de platforming évoquant "Ghosts'n Goblins", "Prince of Persia" ou "Castlevania" sur NES, puis au bout d'un moment un débloquera une échelle, ou une herse, ou un ascenseur, etc. reliant notre point d'arrivée au reste du labyrinthe, comme un raccourci plus rapide et plus sûr qui ouvrira petit à petit l'aire de jeu.

Le labyrinthe du jeu est donc très libre, l'obstacle qui nous empêche d'y progresser est tout simplement la difficulté: on meurt en effet très vite en début de partie, mais les améliorations que l'on collecte petit à petit (barre de vie plus longue, objets qui modifient nos statistiques, gain de capacités au combat, nouvelles "prières" qui sont en fait des sorts magiques servant d'armes secondaires, fioles de soin, etc.) rendent le jeu toujours plus facile.
Si on s'organise mal, ou si on s'obstine à s'aventurer dans un segment encore trop dangereux pour nous, ou si on choisit mal son segment (il faut par exemple trouver un endroit spécifique pour pouvoir enfin agrandir la liste d'objets qui modifient nos propriétés au combat), on peut bel et bien trouver le jeu punitif et frustrant, mais alors il faut justement comprendre que l'on doit s'y prendre autrement.

Si l'on est très méthodique et que l'on fouine partout en prenant le moins de risques possible, dénichant le maximum d'objets en peu de temps, le jeu devient vite plus facile, jusqu'à devenir VRAIMENT facile: lors de ma première partie, j'ai tué presque tous les boss du premier coup parce que j'allais toujours à la confrontation au dernier moment, j'étais donc très bien armé, et pour tout dire, je les ai même battus en étant "bourrin", sans trop prendre soin de comprendre leurs schémas. J'ai dû plus comprendre les boss en New Game+, qui propose des modes plus exigeants mais où l'on dispose d'une large part de notre ancien équipement - parfois, avec les bonnes combinaisons de modificateurs, on peut battre certains boss en quelques secondes!

J'ai adoré ce gameplay très libre, où l'on explore ce que l'on veut (le jeu est structuré en deux grands chapitres, mais à part ça il n'y a globalement pas d'ordre imposé), où l'on peut choisir différentes stratégies d'approche et où la rigueur et la méthode sont récompensées.

Par contre, comme je le disais, l'univers m'a un peu déçu. Artistiquement, tout est fantastique: le design des personnages et des ennemis, le pixel art, l'animation, le travail de recherche effectué en amont, tout cela est très bien fait, mais un peu stérile... L'idée est de s'inspirer du catholicisme espagnol autour du XVIème siècle, lui-même sous influence des invraisemblables tortures sacrificielles de l'Amérique du Sud, glorifiant le martyre et la souffrance expiatoire. À partir de là, le jeu invente un monde fantasmagorique outré, finalement peu blasphématoire envers la religion catholique (c'est ici très clairement un univers et une religion parallèles), qui serait intéressant s'il était compréhensible et articulé, ce qui n'est hélas pas le cas...

En effet, le jeu ne crée pas grand-chose de concret avec son concept initial, se contentant de toujours enfoncer le même clou morbide: on ne comprend pas bien les motivations du héros, ou l'enjeu, ou pourquoi certains suppliciés sont nos ennemis et d'autres sont nos amis... Dès que le jeu parle, il est bavard, avec des dialogues et descriptifs longs et ampoulés (des fois, on aimerait juste savoir si un modificateur de notre inventaire nous protège de la magie ou de la foudre ou du feu, mais sa description nous impose tout un narratif) sans que grand-chose ne soit véritablement dit. Tout cela est assez monocorde et liquide, comme un simple habillage permettant d'apporter une identité marketing à un jeu finalement assez classique.

Exemple simple, les finishers: après avoir étourdi un ennemi, on peut l'achever à l'aide d'une touche spéciale, qui provoquera une animation gore nous rapportant plus d'argent (pardon, de "larmes d'expiation"). Au-delà de la question du bon goût (couper les bras de jeunes femmes nues, étriper des nonnes, empaler des enfants, bon) et du fait que ça casse le rythme du jeu, pourquoi notre Pénitent fait ça au juste? Tous ces gens semblent partager la même religion et faire partie du même pays, l'ennemi est sans défense, donc pourquoi cette cruauté? C'est bien la peine de nous bassiner en parlant sans cesse de péché, de culpabilité, etc. pour verser dans ce type de cliché à la "Mortal Kombat". Si au lieu de ça notre héros achevait avec compassion les ennemis en question, ça provoquerait en vérité plus de trouble et d'émotion chez le joueur, mais à l'image du jeu, on comprend bien que le but est tout simplement d'être "cool". Tout ce travail, tous ces thèmes fondamentaux, toutes ces références culturelles pour s'abaisser à des postures puériles, c'est dommage.

Je me suis cependant passionné pour ce jeu qui est tout simplement très agréable à jouer, au point d'acheter immédiatement sa suite, je le recommande donc.

(liste de toutes mes évaluations sur mon blog[simbabbad.blogspot.com])
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